Les défis des bioplastiques

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L’emballage, qui représente 66 % des déchets plastiques non recyclés de la planète, est le premier domaine d’application des bioplastiques. Conscient de l’attrait de ces nouveaux biomatériaux en termes de réduction des émissions de CO2, les scientifique restent cependant prudents quant à leur déploiement actuel à grande échelle.

« La plupart des emballages bioplastiques souillés, comme les barquettes, les assiettes, le film alimentaire ou les couverts, finissent au site d’enfouissement. Or, tous ne sont pas biodégradables », explique Pascal Vuillaume, directeur de la recherche en plasturgie au CTMP et  professeur en chimie des polymères.

Ces bioplastiques, qui peuvent être « biosourcés » – c’est-à-dire conçus à partir de matières végétales telles que le blé, le bois, le maïs ou la pomme de terre (amidon) – ou « biodégradables » (pétrochimie ou végétal), sont encore mal identifiés par la population.

En outre, la plupart d’entre eux ne sont pas recyclables avec les plastiques traditionnels.

« Ils se retrouvent au centre de tri et altèrent la remise en oeuvre du plastique traditionnel, illustre Pascal Vuillaume. Il s’agirait de développer la filière du compostage industriel et de mieux informer le public pour pouvoir efficacement développer le marché », indique-t-il. Il exhorte d’ailleurs le gouvernement à s’impliquer davantage et encourage l’industrie plastique à jouer sur plusieurs fronts.

Les travaux des scientifiques portent également sur la conception de matériaux facilement réutilisables dans différentes applications.

« La filière des polystyrènes, par exemple, est émergente, précise M. Vuillaume au sujet de ce plastique léger, peu coûteux et dont la fabrication demande peu d’énergie. Ils ne finissent pas à l’enfouissement et les centres de recyclage mettent de plus en plus d’efforts dans cette filière. »

Au Québec, par exemple, des entreprises comme Polystyvert réussissent notamment à transformer l’intégralité du produit initial de polystyrène en pastilles réutilisables grâce à de nouveaux procédés écologiques.

En matière d’emballages, orienter les entreprises « au cas par cas » reste encore la meilleure des solutions, selon le directeur de l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA), Bruno Ponsard.

Certains considèrent par ailleurs que certaines filières comme celle du plastique de type polytéréphtalate d’éthylène (PET), utilisé entre autres dans la fabrication de bouteilles en plastique, ainsi que le polystyrène, représentent des avenues intéressantes en raison de l’efficacité de leur recyclage.

Néanmoins, l’utilisation massive des plastiques d’origine fossile soulève encore de nombreux questionnements quant à leurs effets à long terme sur la santé humaine.

Le marché des matériaux renouvelables devrait quant à lui bénéficier d’une croissance exponentielle au cours des prochaines années et offrir de nombreuses opportunités d’affaires. En 2025, environ 3 % de la production mondiale de plastique sera « bio », estime notamment l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles.

Des multinationales imposent d’ores et déjà des normes écologiques et des matériaux biosourcés aux industriels, comme Ikea ou Danone.

Des organismes spécialisés en biotechnologies ou en chimie verte offrent également d’accompagner ou de partager les risques financiers de cette transition à la source avec les industriels du plastique, comme le nouveau Consortium de recherche et d’innovation en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ).

« Si un emballage coûte plus cher au consommateur et à l’entreprise, mais qu’au final il revient moins cher à la société, car il est réutilisable ou biodégradable, c’est un pari gagné », conclut Bruno Ponsard.

Les réglementations environnementales tendent à suivre cette logique et se durcissent un peu partout dans le monde. Une soixantaine de pays ont déjà réglementé l’utilisation des plastiques à usage unique et plusieurs cherchent des solutions pour améliorer la conception et la production durables à grande échelle, à l’instar du Canada.

Photo : Radio-Canada. L’emballage était le premier domaine d’application des bioplastiques avec près de 40 % du marché en 2016. 

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